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VOYAGE AU CONGO

Clickez sur les photos entourées d'un cadre de couleur, pour les agrandir.

Parmi ces voyages effectués pour le compte de la Sodiec, plusieurs me donnèrent l'occasion de vivre des moments que je qualifierais à tout le moins d'imprévus !!! Mais en définitive.............. oh combien révélateurs !
Ci dessous une photo prise au reveil d'une nuit passée inopinément en pleine brousse.

Je n'ai pas l'air très "réveillé", mais la literie était plutôt "sommaire". Cela constitue cependant l'un de mes meilleurs souvenirs, et je remercie sincèrement les habitants de ce petit hameau qui, nous ont si spontanément accueillis.
Croyez moi, ça vaut la peine de se déconnecter du monde que l'on dit "moderne", car j'ai réellement eu l'impression de me retrouver dans un autre monde (ou une autre époque), à 80 km de Pointe Noire!


J'avais quitté Marseille en février 1981 pour atterrir au Congo Brazzaville et effectuer une mission d'une dizaine de jours. Pour mémoire, le Congo est situé à l'ouest de l'Afrique équatoriale entre le Gabon et l'Angola, il se divise en deux territoires de part et d'autre du fleuve Congo, le Congo Brazzaville ancienne colonie française et (à cette époque le Zaire) ex Congo belge. Les capitales de ces deux états Brazzaville et Kinshasa situées toutes deux à la même latitude, sur les deux rives de ce même Congo.
Des quelques jours passés à Brazzaville (et après 25 années), il me reste un souvenir particulier, celui de la route reliant l'aéroport à la capitale. Cette dernière était éclairée par de gigantesques lampadaires aux pieds desquels, à la nuit tombée des jeunes gens semblaient absorbés par de la lecture. Alors que je cherchais une explication, on me répondit qu'il s'agissait d'étudiants de L'IUT (Institut Universitaire de Technologie) local, qui y venaient pour réviser leurs cours.
Cela témoignait à la fois, de la soif d'apprendre ainsi que des carences en distribution de l'énergie électrique !
Au marché de Brazza, j'ai découvert un étonnant petit masque congolais en malachite, l'artiste avait tiré parti de la forme initiale de la pierre, a priori un petit galet
ramassé dans le lit d'un torrent.
(Il faut rappeler rappeler ici que le Congo exploite d'importantes mines de cuivre, et que la malachite , est un minéral issu des gisements de cuivre altérés).

Je prenais ensuite un avion de la compagnie Lima Congo, pour gagner Pointe Noire. La ville comme on peut le voir sur les photos prises des fenêtres de ma chambre d'hotel, bénéficiait d'infrastructures modernes, vraisemblablement liées aux retombées économiques de l'extraction du pétrole sur la côte Atlantique, ainsi que peut être du tourisme.

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Sur place, je sympathisais avec un collègue ingénieur de la SPAT (société de réparation marseillaise), comme nous avions un week-end à passer sur place, disposant d'un véhicule de service ... "ça te dirait une petite ballade à l'intérieur du pays ? On m'a parlé d'un petit village appelé "Malélé" avec un marché pittoresque du dimanche matin, à moins de 100 km !"

Et nous voila partis le samedi après le repas, vers l'intérieur des terres.

Sur les premiers 40 kms, une large route à travers une forêt d'eucalyptus, destinés à la pâte à papier. En fait avec très peu de traffic, des véhicules souvent surchargés ! On marche aussi beaucoup le long des routes. (En fait j'ai très peu photographié les congolais, et souvent à leur insu, car ils ne l'acceptaient pas.)

Puis à l'extrémité de la route... la piste.

Au début le sol était relativement plat, de temps en temps quelques constructions typiquement africaines, avec toitures en tôle ondulée (surtout pas en everite, aucune trace d'amiante !) Un bulldozer probablement irréparable avait été abandonné, rongé par la rouille. J'allais oublier de vous dire qu'il n'y avait pratiquement pas de panneaux signalétiques !

A cette époque les 4x4 étaient relativement rares, nous avons eu l'occasion de le regretter !

Au fur et à mesure de notre progression, la l'état de la piste se dégradait, les pluies tropicales avaient provoqué des ravinements, accentués par le passage de véhicules lourds, la profondeur des ornières dépassait la hauteur des essieux et le sol était détrempé ; à plusieurs reprises il fallait stopper pour placer des branchages en dessous des roues pour nous permettre de repartir. L'entreprise devenait à tout le moins périlleuse !

La végétation faisait progressivement place à la forêt, avec de nombreux bananiers et, sans aucune habitation.

Nous avons franchi un passage constitué de madriers dont l'écartement correspondait heureusement à celui de nos roues, mais il fallait viser juste !
Par ailleurs, le temps passait et la nuit approchait, nous nous demandame s'il ne fallait pas faire demi-tour.

Pas le temps de faire un choix, car nous étions définitivement "plantés" (embourbés), et cette fois, impossible de repartir !

Nous avons mangé quelques bananes (directement du producteur au consommateur), et alors que nous préparions à passer la nuit dans la camionnette, nous avons vu arriver un petit groupe de gamins qui, moitié par signes et quelques mots de français nous invitèrent à les suivre... Après avoir cheminé deux ou trois cent mètres, et gravi une petite colline, nous débouchames dans une vaste clairière. Il faisait nuit, d'une obscurité totale, sans aucune pollution lumineuse (inévitable en zone urbaine), surprise ! de petits clignotants de couleur jaune vert apparaissaient autour de nous : une escadrille de lucioles ! vision quasi magique.
A l'autre extrêmité de la clairière, la lueur d'un feu de bois ! Ce dernier était situé au centre d'un espace d'une cinquantaine de mètres carrés, recouvert de branches de palmiers, en quelque sorte une salle de séjour commune, à l'air libre.

Autour du feu, quelques femmes avec leurs enfants ; le mobilier était constitué de quelques chaises de palabre (que je qualifierais volontontier de fauteuils) typiquement africaines. J'avais déjà, à la fin des années 60, eu l'occasion d'utiliser et d'apprécier ces fauteuils de conception simple et géniale, cela sur la côte belge, où nous avions mon épouse et moi-même, fait la connaissance d'un couple d'anciens colons, ayant regagné le pays natal pour y passer leur retraite. Je reviens un instant sur ces fauteuils dont vous pouvez voir une version moderne sur la photo ci-contre. Constitués de deux planches entrecroisées, plus épaisses, taillées à la hache (un peu comme les pirogues); on les appelait "chaises de palabre" car facilement démontables et transportables, elles étaient utilisées par les notables pour visiter et porter "la bonne parole" dans les villages.
Après un moment de stupéfaction, les mamans nous invitèrent à prendre place autour du feu, en nous expliquant que les hommes n'étaient pas encore rentrés. Aucun éclairage hormis celui du foyer, et je profitais de la pénombre pour tenter une photo, sans visée et en effectuant à la fois la mise au point, l'ouverture et le temps d'exposition au pifomètre !

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De cette séquence, compte tenu, à la fois du manque d'éclairage et de cette attitude réfractaire à l'égard des photographes (même parmi les lucioles, une seule a accepté la prise de vue !), je n'ai que ces deux photos à vous proposer (et je vous dispense de cette plaisanterie facile, et non moins débile sur "le combat de n.. dans un tunnel")
En fait ces deux photos prises dans des conditions critiques, jugées inexploitables et ignorées par le laboratoire il y a 25 ans, apparaissent ici pour la première fois, après scanérisation des négatifs et divers traitements d'image. Sur la photo de gauche, on distingue au premier plan les avant-bras ainsi que les jambes de mon compagnon, et à la base entre ces dernières, la lueur du foyer. On devine aussi face à moi, l'une des femmes sur un tabouret.
Une autre image me revient aussi en mémoire, celle des enfants avec leurs jouets en bois tout autour du feu, cela me rappela un instant ma propre enfance pendant la guerre, ainsi que mes jouets fabriqués par mon père. Mon attention fut aussi captée par une voiture d'une vingtaine de centimètres et d'un fabuleux réalisme. Elle avait été fabriquée à la main avec des morceaux de fer blanc martelés, découpés dans des boites de conserve et comportait de nombreux détails techniques, avec les essieux montés sur ressorts à lames, un volant manoeuvrant les roues et les portières qui s'ouvraient. Incroyable !
Après une veillée d'un peu plus d'une heure les hommes firent leur apparition, tout comme les femmes ils ne parlaient que quelques mots de français. Après avoir écouté un court récit de notre mésaventure, ils nous firent comprendre qu'ils viendraient à plusieurs dès le lendemain pour dégager notre véhicule. Pour cette nuit, ils mettaient une case inoccupée à notre disposition (voir photo en tête de page). Je me rappelle aussi les divers et incomparables bruits à l'extérieur de la case, le fait qu'elle ne comportait pas de fenêtres était plutôt rassurant !
Le matin nous avons rejoint le "centre de vie" où nous avions passé la soirée, nous réalisames qu'il était situé à une dizaine de mètres en contre-bas de notre case. Les femmes s'affairaient autour du feu, et l'une d'elles nous voyant arriver, nous apporta un bassin en aluminium (le seul objet industriel aperçu sur place) avec de l'eau en me disant et en, joignant le geste à la parole : "lavé figuwre". Puis les hommes firent à nouveau leur apparition et après les remerciements, et les adieux, nous emmenèrent dégager notre camionnette.

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Et nous avons repris la piste, manifestement nous étions dans une zone d'exploitation forestière, après les bananes, le bois de construction. Admirable cette manière de faire sécher les planches, de plus, elles ne semblaient pas avoir été obtenues par sciage. Chez nous, on les stockait horizontalement, sous abri, et avec des entretoises ; cette manière de les disposer verticalement et croisées, permettait à la fois de le faire à l'air libre et de se dispenser des entretoises.

Après quelques kms, nous avons retrouvé la route de Malélé, en réalité nous avions fait la veille, involontairement un petit détour!

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Après avoir traversé la "cathédrale de bambous" il était aux environs de 10h et, partant du principe que le trajet du retour serait aussi long que celui de l'aller, nous avons pris la décision de reprendre la direction de Pointe noire. En fait, le voyage fut beaucoup plus rapide, et nous étions de retour à midi! Cela nous a quand même donné de temps de prendre des photos d'un cimetière situé le long de la route.

Une dernière chose, si vous avez l'occasion de manger du crocodile, surtout n'hésitez pas, c'est délicieux!