Après un moment de stupéfaction, les mamans nous invitèrent à prendre place autour du feu, en nous expliquant que
les hommes n'étaient pas encore rentrés. Aucun éclairage hormis celui du foyer, et je profitais de la pénombre pour tenter
une photo, sans visée et en effectuant à la fois la mise au point, l'ouverture et le temps d'exposition au pifomètre !
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De cette séquence, compte tenu, à la fois du manque d'éclairage et de cette attitude réfractaire à l'égard des photographes
(même parmi les lucioles, une seule a accepté la prise de vue !), je n'ai que ces deux photos à vous proposer (et je
vous dispense de cette plaisanterie facile, et non moins débile sur "le combat de n.. dans un tunnel")
En fait ces deux photos prises dans des conditions critiques, jugées inexploitables et ignorées par le laboratoire il
y a 25 ans, apparaissent ici pour la première fois, après scanérisation des négatifs et divers traitements d'image.
Sur la photo de gauche, on distingue au premier plan les avant-bras ainsi que les jambes de mon compagnon, et à la base
entre ces dernières, la lueur du foyer. On devine aussi face à moi, l'une des femmes sur un tabouret.
Une autre image me revient aussi en mémoire, celle des enfants avec leurs jouets en bois tout autour du feu, cela me
rappela un instant ma propre enfance pendant la guerre, ainsi que mes jouets fabriqués par mon père. Mon attention fut
aussi captée par une voiture d'une vingtaine de centimètres et d'un fabuleux réalisme. Elle avait été fabriquée
à la main avec des morceaux de fer blanc martelés, découpés dans des boites de conserve et comportait de nombreux
détails techniques, avec les essieux montés sur ressorts à lames, un volant manoeuvrant les roues et les portières
qui s'ouvraient. Incroyable !
Après une veillée d'un peu plus d'une heure les hommes firent leur apparition, tout comme les femmes ils ne parlaient
que quelques mots de français. Après avoir écouté un court récit de notre mésaventure, ils nous firent comprendre qu'ils
viendraient à plusieurs dès le lendemain pour dégager notre véhicule. Pour cette nuit, ils mettaient une case inoccupée
à notre disposition (voir photo en tête de page). Je me rappelle aussi les divers et incomparables bruits à l'extérieur
de la case, le fait qu'elle ne comportait pas de fenêtres était plutôt rassurant !
Le matin nous avons rejoint le "centre de vie" où nous avions passé la soirée, nous réalisames qu'il était situé à une
dizaine de mètres en contre-bas de notre case. Les femmes s'affairaient autour du feu, et l'une d'elles nous voyant
arriver, nous apporta un bassin en aluminium (le seul objet industriel aperçu sur place) avec de l'eau en me disant et en,
joignant le geste à la parole : "lavé figuwre".
Puis les hommes firent à nouveau leur apparition et après les remerciements, et les adieux, nous emmenèrent dégager
notre camionnette.
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Et nous avons repris la piste, manifestement nous étions dans une zone d'exploitation forestière, après les bananes, le
bois de construction. Admirable cette manière de faire sécher les planches, de plus, elles ne semblaient pas avoir été obtenues
par sciage. Chez nous, on les stockait horizontalement, sous abri, et avec des entretoises ; cette manière de les disposer
verticalement et croisées, permettait à la fois de le faire à l'air libre et de se dispenser des entretoises.
Après quelques kms, nous avons retrouvé la route de Malélé, en réalité nous avions fait la veille, involontairement un petit détour!
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Après avoir traversé la "cathédrale de bambous" il était aux environs de 10h et, partant du principe que le trajet du retour
serait aussi long que celui de l'aller, nous avons pris la décision de reprendre la direction de Pointe noire. En fait,
le voyage fut beaucoup plus rapide, et nous étions de retour à midi! Cela nous a quand même donné de temps de prendre des
photos d'un cimetière situé le long de la route.
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