Contenu de l'intervention de Ph GOSSE au colloque du 22 et 23 novembre 1994 (Paris la Défense) organisé
par l'IMVE (institut du management des véhicules d'entreprises) et la SAGER (Sté d'assistance à la gestion
des risques)
La Gestion du risque automobile en entreprise intégrée dans une politique de "prévention globale"
Il y a deux endroits privilégiés pour faire de la prévention routière
- L'école.
- L'entreprise.
Pourquoi ? ---> Une action de prévention, pour être efficace doit s'inscrire dans un contexte précis, concerner une population
bien identifiée: "La cible", sur une période suffisamment longue (continuité dans l'action), de manière à aboutir à une modification durable des comportements.
L'idéal est donc la "cible captive", d'ou l'intérêt de l'école et de l'entreprise.
Ce que l'on rencontre le plus souvent
Le risque automobile n'est généralement pris en compte dans les entreprises, que lorsqu'il constitue un enjeu
financier important. C'est le cas pour les entreprises qui disposent d'un grand parc de véhicules, donc notamment
les entreprises de transport. Le problème est alors traité le plus souvent par les responsables de parc ou du service juridique, sous la
forme d'une action isolée de prévention. Action le plus souvent limitée à une simple formation à la conduite
préventive, découplée du dispositif de prévention "sécurité du travail"
Pour une politique de prévention globale
Nous allons démontrer qu'il existe d'autres enjeux, et que l'efficacité ainsi que le coût d'une opération
de prévention des accidents de la route peuvent être sérieusement améliorés dans le cadre d'une politique
de prévention globale; bénéficiant ainsi du savoir faire et de la dynamique déjà acquis par l'entreprise
dans le domaine de la prévention.
I) Il existe plusieurs catégories d'accidents en entreprise...
A la RTM par exemple on en distingue trois familles:
- Les accidents du travail classique
- Les accidents à la suite d'altercations avec la clientèle
- Les accidents de la route
- On peut y ajouter tous les dysfonctionnements
mais ces derniers relèvent toujours de la même problématique:
a) Chaque accident résulte de l'enchaînement de plusieurs causes (parfois nombreuses)
et si on élimine une des causes, l'accident ne se produit pas.
b) Les causes peuvent être classées selon quatre domaines:
- le milieu (les infrastructures, l'environnement)
- les matériels (équipements, véhicules...)
- L'organisation (procédures, réglementation...)
- Les Hommes (comportements, facteurs humains)
c) Le quatrième domaine est de loin le plus important, et ceci notamment pour les accidents
de circulation.
Depuis de nombreuses années les préventeurs ont porté leurs efforts sur les
trois premiers domaines, les infrastructures les matériels et les méthodes ont été
considérablement améliorés; les machines et les véhicules sont devenus de plus en plus
performants, plus "sûrs" au point même de réduire le réflexe de "défense naturelle" de chaque
individu et de le rendre par conséquent plus vulnérable.
II) A partir de ces constats, on peut traiter dans l'Entreprise les accidents de la route
(comme d'ailleurs les autres types d'accidents) selon trois degrés de prévention:
a) Premier degré, comme gisement de productivité isolé:
- Pour faire fonctionner son Entreprise, le responsable gère un certain nombre d'indices
de productivité (tableaux de bord) et selon le bon niveau de chacun ces facteurs, l'entreprise
fonctionne bien ou mal.
- Parmi ces indices se situent les coûts directs des accidents, et parmi ces coûts ceux
générés par les accidents de la route.
Faire de la prévention à la sécurité routière réduira le nombre des accidents et
par conséquent améliorera la productivité, dans le domaine de la conduite.
- On notera que les gisements de productivité les plus exploités sont toujours les coûts directs
car directement liés à la productivité.
C'est la démarche initiale de la plus part des entreprises sur les accidents du travail classiques à caractère
technique. Cette démarche orientée sur la sécurité routière intéressera plus particulièrement
les entreprises de transport pour lesquelles les accidents de la route constituent un gisement
important.
- Il ne faut cependant pas oublier dans une telle démarche, les retombées sur les autres facteurs
de productivité, y compris la qualité et l'image de marque de l'entreprise.
b) Deuxième degré ou les accidents de la route sont traités dans le cadre d'une stratégie de
prévention Globale de l'Entreprise:
Il y a alors inter-activité entre les actions de prévention sur chaque catégorie d'accidents et amplification
des effets. Donc amélioration de la rentabilité des divers gisements, en effet la majorité des actions de
prévention sont construites de la même manière et souvent mises en oeuvre par les mêmes acteurs.
Beaucoup sont basées sur la communication et ou l'animation. Mettre en place une opération de
prévention c'est:
- Former des animateurs.
- Créer des réseaux de communication via la hiérarchie.
- Créer des outils d'analyse et de contrôle
- Fabriquer des médias ( affiches, transparents, journaux, films vidéo...etc)
- Editer des tableaux de bord.
On privilégie les actions sur les comportements et l'on acquiert un savoir faire, une véritable culture
d'Entreprise au niveau prévention.
c) Troisième degré où la prévention est intégrée dans le processus managérial:
L'inter-activité s'étend alors à tous les paramètres de gestion de l'Entreprise.(aux facteurs de productivité)
et l'accident est considéré comme un manque de professionnalisme générateur de "non qualité" en interne
comme en externe. la notion de sécurité est alors synonyme de qualité.
Il y a de fortes similitudes entre les diverses composantes des dispositifs de prévention précédents et les
techniques managériales modernes où la communication et l'animation tiennent une place prépondérante.
De nos jours manager c'est "Gagner en équipe"
C'est ne rien laisser au hasard et mettre toutes les chances de son côté pour être sûr de gagner.
C'est prévoir, anticiper...
C'est être créatif et surtout utiliser la créativité de l'équipe.
Faire de la prévention c'est aussi gagner en équipe (la sécurité c'est l'affaire de tous et de chacun):
C'est ne rien laisser au hasard étudier tous les risques pour que l'accident ne se produise pas.
C'est évidemment prévoir et anticiper pour éliminer les risques.
C'est sensibiliser les membres de l'équipe les rendre plus responsables
Un bon manager doit donc avoir aussi la sensibilité et les qualités d'un préventeur.
A ce troisième degré, les animateurs sécurité sont les membres de la hiérarchie, la prévention devient un
outil de management et les techniques managériales rejoignent la panoplie des outils de prévention.
Pour une approche "systèmique" de l'Entreprise:
La meilleure manière(selon moi) d'appliquer le style de management compatible avec le troisième
degré de prévention cité ci dessus; est encore de considérer l'entreprise comme un système
La Prévention à la Régie des Transports de Marseille
Un autobus est 20 Fois plus sûr qu'une automobile .
(La Sécurité est une qualité naturelle des Transports en commun)
Depuis plusieurs années, la RTM oriente son activité en fonction de sa clientèle,
c'est la raison pour laquelle, la prévention des accidents est considérée non seulement comme
un vecteur de sécurité, mais aussi comme un facteur indispensable à la qualité de service.
ACCIDENT = DYSFONCTIONNEMENT = NON QUALITE
Il y a donc renforcement de cette sûreté initiale.
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